Dans la sourate Le rang, ‘Issa se dit être un messager « confirmant ce qui est devant moi de la Torah et annonçant un messager qui viendra après moi dont le nom sera Aḥmad » (s. 61, 6). Ainsi, ‘Issa aurait-il annoncé Mu-ḥammad (= Aḥmad). On notera cependant que selon la version très ancienne de ‘Ubayy, le milieu de ce verset donne plutôt ceci à lire : « et je vous annonce un prophète (nabiy) dont la communauté (umma) sera la dernière communauté et par laquelle Dieu mettra un sceau aux prophètes (nabiyûn) et aux messagers (rusul) » (s. 61, 6) [1].
Si l’on s’en tient à la version habituelle du Coran et à ses commentaires, l’évangile selon saint Jean en grec aurait effectivement annoncé Muḥammad sous le terme de paraklètos car, nous explique-t-on, si l’on transcrit à la mode arabe (sans tenir compte des voyelles) le mot grec paraklètos, cela donne brklts (lire : biriklutos) et vaut fortuitement pour la transcription arabe d’un autre terme grec : périklutos. Périklutos signifie renommé, donc loué. Il suffit donc que mu-ḥammad signifie « celui qui est loué » pour que l’on dise que ‘Issa (Jésus) l’ait annoncé. Evidemment, seules des populations arabophones peuvent donner foi à ce tour de passe-passe ; il s’agit d’une « apologétique interne » c’est-à-dire un discours tenu pour les musulmans eux-mêmes.
Cependant, Jésus (‘Issa) a bien promis un « Paraclet » que le Père enverrait (Jean 14,16-17 ; 15, 26-27). Qu’est-ce que ce mot signifiait ? Dans le monde sémite, un paraklita est un souffleur qui aide le récitateur des textes sacrés, et au tribunal, c’est le conseiller-défenseur qui « souffle » au témoin sa déposition qu’il a préparée (de préférence par cœur), sans toutefois parler à sa place.
Le « Paraclet » nouveau dont les disciples de Jésus vont avoir besoin, c’est l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Vérité. Ils auront à témoigner, certains seront des martyrs-témoins de la Vérité. Cet Esprit qui inspire ces disciples est l’Esprit de Jésus lui-même, afin qu’ils continuent à porter sa Parole et la Vie au monde.